Madame la Rectrice,
Depuis la dernière CAPA de ce type, tenue en avril 2023, le portefeuille de l’Éducation Nationale a connu 4 titulaires ! Cela témoigne de toute la considération que porte ce pouvoir à l’École, pourtant désignée par Gabriel Attal comme « la mère de toutes les batailles ».
Mais, comme d’habitude avec ce gouvernement, il y a loin de la parole aux actes !
L’échec évident du Pacte montre que la profession n’a pas été dupe et continue à attendre une véritable revalorisation salariale qui permettrait enfin une juste rémunération des enseignant·es français·es qui restent parmi les plus mal payé·es de l’OCDE. La FSU continue à exiger une revalorisation indiciaire généralisée et inconditionnelle.
Ce mépris persistant pour les revendications salariales des agent·es trouve un écho dans la mise en place violente du « choc des savoirs » et des groupes de niveau, de besoins ou qualifiés de tout autre terminologie euphémisante qui ne leurre personne. C’est une immense majorité de collègues qui protestent contre cette réforme inique et décriée par la recherche qui ne conduirait qu’à une assignation sociale des élèves, à une désorganisation profonde des établissements et à une perte de sens pour les enseignant·es de français et de mathématiques. Alors que la nouvelle ministre a semblé manifester un premier recul, Gabriel Attal s’obstine dans l’erreur en voulant imposer sa réforme envers et contre tou·tes. En attendant, l’ensemble de la communauté éducative reste dans le flou et nul ne sait de quoi sera faite la rentrée de septembre.
Ce mépris se retrouve aussi dans la mise en place à marche forcée de la réforme de la voie professionnelles. Les textes accompagnant la réforme des lycées professionnels se mettent en place sans dialogue social. L’organisation souhaitée des lycées professionnels et surtout la mise en place des nouvelles cartes des formations menacent les droits des PLP et leur statut. La conséquence sera une nouvelle dégradation des conditions de travail et donc, des conditions d’études des élèves. Pour nos organisations syndicales, les lycées professionnels doivent rester des lieux émancipateurs pour nos élèves et des lieux où nos métiers et nos missions sont respectés.
Il est plus que temps que ce pouvoir comprenne que la politique qu’il mène depuis 7 ans, conduit à l’effondrement du service public d’Éducation qui est aujourd’hui à la croisée des chemins. Le point de bascule n’est plus très loin : les personnels oscillent entre colère, parfois sourde, abattement et découragement. L’explosion du nombre de démissions et la chute vertigineuse du nombre de candidat·es aux concours de recrutement constituent, à cet égard, des signaux d’alarme qui devraient convaincre les hiérarques de l’Éducation Nationale qu’il est temps de changer de politique.
Pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, la FSU appelle les collègues à se mobiliser massivement le 2 avril prochain pour tenter de faire entendre raison au gouvernement.
Ce mépris et ce refus d’écoute ne nous étonnent pas, de la part d’un pouvoir qui, par le biais de la scélérate Loi de Transformation de la Fonction Publique, a supprimé d’un trait de plume tous les espaces du dialogue paritaire. Tous ou presque puisque subsiste, quasiment seulement, la CAPA pour laquelle nous sommes réuni·es aujourd’hui.
Si nous notons l’augmentation sensible des réponses positives à la première étape des recours gracieux, nous restons étonnés que trop d’appréciations finales de Mme la Rectrice restent en totale incohérence avec les items renseignés par les évaluateurs primaires. Les documents mis à notre disposition laissent cependant voir encore quelques étrangetés. Nous sommes déterminé·es à utiliser le temps de cette CAPA pour étudier chaque cas individuel en détail, convaincu·es que l’échange contradictoire sur les cas individuels éclaire utilement la gestion collective des carrières de toutes et tous.
Nous profitons aussi de cette instance pour dénoncer les nombreuses difficultés informatiques auxquelles font face les collègues demandeurs·euses de mutation Intra-académiques, difficultés qui semblent paradoxalement augmenter de façon inversement proportionnelle à la diminution du nombre de demandeurs·euses et à l’augmentation constante des capacités de calcul numérique…
Dans la rue, dans les instances, dans les établissements, aux côtés des collègues, avec le souci constant de les défendre, les syndicats de la FSU continueront à lutter pour une École réellement démocratique et émancipatrice.