On les appelle les AESH, ces femmes (et hommes) accompagnent à l’école les élèves handicapés. Elles réclament de meilleurs salaires, un statut de fonctionnaire. Elles pestent contre la dégradation de leurs conditions de travail avec de plus en plus enfants à s’occuper et de moins en moins d’heures.
Cela fait 17 ans qu’Isabelle Achard est accompagnante d’élèves en situation de handicap (AESH) au Mans. « Notre journée commence par l’accueil des enfants le matin et se termine le soir quand les parents viennent les chercher. On les accompagne en classe et les aidons à surmonter leur handicap à l’école ». Les profils de ces élèves sont très variés : « Cela va de l’enfant dyslexique aux enfants déficients visuels ou avec un handicap moteur lourd« . L’accompagnante (95 % des AESH en Sarthe sont des femmes) tisse un lien de confiance et de proximité avec ces enfants qui, sans elle, auraient énormément de mal à s’intégrer dans une classe.
Jusqu’à six enfants à s’occuper dans plusieurs écoles
Cette relation entre les AESH et les élèves handicapés est menacée, selon Isabelle Achard, par la mise en place il y a trois ans des PIAL. Ces pôles inclusifs d’accompagnement localisés ont pour objectif de mieux répondre aux besoins des enfants en leur proposant un accompagnement personnalisé. Mais selon Isabelle Achard, qui est aussi déléguée syndicale du SNUipp, c’est tout le contraire : « Avant la mise en place des PIAL, nous nous occupions principalement d’un élève voire deux au maximum dans une seule école. Aujourd’hui, nous devons nous occuper de trois, quatre, cinq, parfois six élèves sur différents établissements de la maternelle au lycée« .
Les AESH passent donc moins de temps avec les enfants et doivent se déplacer de classe en classe, de niveaux en niveaux, d’école en école sur un territoire défini à l’avance. Elles passent aussi de handicap en handicap avec des prises en charge totalement différentes. Tout le monde en pâtit selon Isabelle Achard : « Les élèves d’abord qui peuvent avoir plusieurs accompagnants. Les enseignants qui doivent réexpliquer à chaque AESH le travail qui a été fait et celui qui est demandé. C’est difficile de s’habituer à différentes personnes tant pour les élèves que pour les enseignants« .
Selon Isabelle Achard, cette mutualisation « à outrance » a eu pour conséquence de réduire le nombre d’heures d’accompagnement des élèves. « On est passé de 12 ou 24 heures en fonction des enfants à cinq ou six heures« .
Sous le seuil de pauvreté
Une réduction du temps de travail qui se traduit par de faibles revenus. « Le salaire moyen d’une AESH est de 750 euros par mois pour 24 heures de travail hebdomadaire. Nous sommes sous le seuil de pauvreté« . Si la grille des salaires a été légèrement réévaluée le 1er septembre, le gain est loin d’être suffisant pour assurer aux AESH une rémunération qui leur permette de vivre confortablement. « La preuve, elle a été tellement réévaluée« , dit Isabelle Achard avec ironie « que les AESH qui ont moins de trois ans d’ancienneté sous déjà sous le SMIC« . Les aidantes voudraient aussi obtenir un véritable statut de fonctionnaire. « Nous sommes des contractuelles de la fonction publique et de ce fait, nous n’avons pas le droit à toutes les primes qui pourraient nous être allouées si nous étions fonctionnaires« .
Une faible rémunération, des journées parfois morcelées et un nombre d’élèves à s’occuper sans cesse croissant. Pas de quoi encourager les vocations, affirme Isabelle Achard. La Sarthe compte un peu plus de 1.000 AESH, un chiffre en légère baisse. Pas assez en tout cas pour prendre en charge tous les enfants handicapés du département qui auraient besoin d’un accompagnement scolaire. Une manifestation est organisée ce mardi au Mans.
L’interview d’Isabelle Achard ets à réécouter, ici